Une Langue Bien Pendue

Paul Girot de LangladeEn cette période estivale, il n’y a pas de grosse nouvelle à se mettre sous la dents et c’est normal. Il va donc régulière et arriver que les chroniqueurs que nous sommes et les « vrais » journalistes des médias, nous fassions feu de tout bois. Et quand je dis de tout bois, même les plus petites brindilles ne sont pas à l’abri. Et donc alors que l’on attendais qu’il se passe quelque chose, voilà quel préfet français Paul Girot de Langlade décide à nouveau de l’ouvrir. Il ne nous en faut pas plus pour pour sortir les mots de leur contexte et lancer un lynchage médiatique en règle.

« On se croirait en Afrique […] il n’y a que des noirs ici » – Paul Girot de Langlade

Voici donc les phrases du délit. Prononcée par qui ? Un préfet de France en exercice. Rien que cela devrait être une invitation à contrôler ce que l’on dit où que ce soit. Je dirais même plus ce poste a un pré requis qui est une maitrise parfaite de la langue de bois, sport national du politicien français s’il en ai. Mais essayons d’être impartial et voyons dans quels circonstance cela a été dit. Il s’agit d’une altercation avec une employé antillaise de l’aéroport de Orly qui lui avait demander, comme à tous les passagers, de vides ses poches pour un contrôle de routine. Mr de Langlade a donc eu un coup de sang sans doute parce que l’employé de l’aéroport ne la pas reconnu et réservé un traitement de faveur. Il a donc instinctivement taper là où il estimait faire le plus mal:la couleur de la dame. En soit le comportement est bas et lâche (avant même d’être raciste) mais si on analyse les mots lâches par le sieur de Langlade il y a autre chose qui transparait. « On se croirait en Afrique » dit avec une voix admirative est un compliment si on se trouve dans un parc naturel ou bien dans une soirée plus que chaleureuse. Mais ce n’était pas le ton employé et on en déduit ce que le personnage pense du bled: pas grand chose de positif. Pareil pour son « Il n’ya que des noirs ici« . Dans un autre contexte, il aurait été intéressant pour relancer le débat sur la mixité dans les différents corps de métiers en France. Pourquoi tous les patrons sont des hommes blancs de plus de 40 ans, pourquoi toutes les plombiers sont polonais, pourquoi les vigiles des magazines sont congolais, pourquoi on a pas un mélange de tout ça ? Mais parce que ce préfet qui n’en ai pas à sa première bourde le dit dans un contexte non approprié il tue tout possibilité dans un future proche de lancer le débat car cet épisode funeste doit d’abord quitter les esprits et cela prend du temps.

http://www.youtube.com/watch?v=OesOn1yz4ew

Ce triste épisode me rappelle cette réflexion de Chris Rock, célébré humoriste américain. Le débat portait alors sur le droit à l’utilisation par les blancs américains du mot en N ou « nigger ». Chris Rock concluait que cela n’était possible que dans un seul et unique cas hautement improbable qu’il se proposait de décrire par la suite. Tous cela pour conclure que nous vivons dans une société dans laquelle le droit reconnu aux gens et son application dans la vie quotidienne sont en léger décalage. Tu peux dire ce que tu veux mais pas où tu veux , ni à qui tu veux. Tous ceux qui ont des amis (je parle ic de « vrais amis ») issus de l' »autre camps » se sont tous déjà trouvé dans cette situation classique où l’on se chambre gaiement avec des blagues plus racistes les unes que les autres en utilisant tous les clichés à la mode. On en rigole un maximum entre nous et une fois le calme revenu on parle franco sans tabou de tous les sujets même ceux qui fâchent. Mais cela n’est possible que entre amis, dans un no-man’s land hautement sécurisé dans lequel on peut se traiter de tous les noms sans risque de représailles. Une fois sur la voix publique, il faut repasser en mode politiquement correcte. C’est valable pour Mr le Préfet de la République (je doute que l’agent de sécurité de Orly fasse partie de ses amies) et c’est aussi valable pour tous nos amis bledards qui attaquent les toubabs à tout bout de champs.

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4 Commentaires

Tout a fait d’ac avec toi sur ce point : toujours cette langue de bois que l’on voit partout!
Mais ne dit-on pas que l’hypocrisie est la forme la plus élaborée de la politesse?
Toujours, d’après Desproges : « On peut rire de tout, oui, mais pas avec n’importe qui. « 

Le Préfet a démenti les propos. Ca parole n’a donc pas plus de valeur que celle des agents de sécurité????? Jusqu’à preuve du contraire on ne peut affirmer qu’il a tenu ces propos. C’est le principe de la présomption d’innocence protégé par la CONSTITUTION!!!! Quand on dit que la loi s’applique à tous, cela vaut tant pour les devoirs que les droits. Même un Préfet a des droits, et en l’espèce ils sont constitutionnellement protégés… Avant de donner des leçons il vaut mieux se les appliquer!

@Lavere – tu auras sans doute remarqué le ton ironique de mon « lynchage médiatique » du Préfet. De toute façon le billet ne traite pas du fond de l’affaire, c’est le boulot de la justice comme tu le soulignes bien. Ce qui nous intéresse ici c’est de remarquer que la liberté d’expression est mise à mal par le politiquement correct.

Le préfet a peut-être démenti ces (ses?) propos, mais
– d’un, il n’en est pas à son premier dérapage verbal.
– de deux c’est la parole d’un (préfet) contre plusieurs employés de l’aeroport.

Quand à l’ambitieux et poignant (ahem!) paragraphe sur la dispense de lecons, grandement je m’étonne, et de gauche à droite, ma tête, je la secoue.

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