Quand les anciennes recettes ne fonctionne plus

J’aime à le dire et à le répéter à qui veut l’entendre le Web africain n’est pas là où il devrait être et chacun d’entre nous peut et devrait de par sa contribution aussi minime soit elle l’aider à relever les défis multiples et variés qui l’attend. Mais peut-on lui appliquer les recettes traditionnelles ?

Récemment j’ai participé à une discussion assez intéressante sur RFI dans l’émission l’atelier des médias. Et en bon pourfendeur des idées reçues je me suis borné à répéter ce que je dis déjà sur ce blog depuis un certain temps, le WAF est en mauvais état. Mais je m’empresse d’ajouter, pour ceux qui m’étiquetterais de polémiste ou de jaseurs ne sachant que jaser, les performances passées ne préjugent en aucuns cas des performances futures. Oui pour ceux qui ont suivi le WAF africain c’est comme la bourse, il peut se retourner assez facilement avec peu de moyens mais avec beaucoup de confiance et de volonté. La question étant comment canaliser cette volonté, pour qu’elle devienne une force positive ?

Certains, sans doute, parce qu’on ne propose que ce que l’on connait bien pensent avoir trouvé la solution en créant des associations pour promouvoir le blog au bled. Sur papier, cette idée est fantastique mais elle me rappelle trop le nombre innombrable d’associations et autres comités de soutien à telle ou telle action/activité/objectif. A quoi cela peut il aider le bled… ou plus précisément le net au bled? Si le but est de convertir les internautes à la religion du blog, ou de faire des internautes des journalistes en herbe, c’est que l’on se trompe lourdement de combat. Posséder et surtout entretenir un blog n’est qu’une forme d’expression et d’utilisation du net. Vouloir promouvoir le blog comme étant LE moyen par excellence d’expression sur la toile ce serait comme promouvoir la démocratie en disant qu’elle ne peut s’exprimer correctement qu’à travers les parties politiques. C’est un raisonnement tout simplement faux.

Le blog comme toutes les autres formes d’expression sur le net est la résultante de conditions techniques et politiques aptent ou non à l’activité mais surtout de choix personnels: il faut d’abord vouloir blogguer avant de pouvoir blogguer. Ce n’est donc pas le blog qu’il faut promouvoir mais plutôt un cadre favorisant l’adoption et la promotion des NTICs quelque soit leurs utilisations finales. Quant à nos amis bloggeurs ne vous en faites pas je suis sur que vous trouver un blogcamp près de chez vous 😉 .

le logo de la dernière blog camp abidjan qui s’est tenue au mois de novembre (source)
blogcamp abidjan

Autre manière de canaliser les forces en présence, inscrire sur l’agenda des sommets des Chefs d’États Africains la problématique du développement des NTICs. C’est ce qui vient d’être fait, mesdames et messieurs, le net débarque l’année prochaine à la réunion de nos chers présidents. Mais voila, les NTICs ne sont pas les premiers sujets d’importance à obtenir cette honneur et pour quelle résultat? Si je voulais polémiquer pour polémiquer je demanderais si l’un d’entre vous à déjà vu un président africain ou son entourage direct avec un ordinateur ou un smartphone? Comment peut-on penser que nos dirigeants comprennent les possibilités et l’importance des NTICs si eux-même ne savent pas s’en servir.

Je sais, on ne peut pas tous les mettre dans le même panier. Il y a des gouvernements, non francophone pour la majorité, qui essaient d’en faire leur cheval de bataille pour le développement de leur bled mais ils sont tellement rares que c’est toujours les mêmes que l’on cite.
Il n’empêche, pour élever le niveau il faudra que nos dirigeants se penchent sur le problème non pas comme ils ont l’habitude de le faire avec de beaux discours qui n’intéressent d’ailleurs personne et avec rien ensuite. Mais avec des actes concrets que n’importe qui pourra facilement mesurer en se connectant de chez lui avec une connexion et des services en ligne publics comme privés dignes de ce nom. Car in fine qui se préoccupe de savoir comment sont organisés opérateurs, clients et intermédiaires si le service fourni est de qualité et à un prix juste.

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2 Commentaires

« J’aime à le dire et à le répéter à qui veut l’entendre le Web africain n’est pas là où il devrait être et chacun d’entre nous peut et devrait de par sa contribution aussi minime soit elle l’aider à relever les défis multiples et variés qui l’attend. »

Voici un argument que je vois fleurir à toutes les discussions, et contre lequel je suis totalement opposé. Il est faux de penser que le microscopique aggrégé donne le macroscopique, avec les mêmes caractéristiques.

La science l’illustre parfaitement :
– en faisant bouger les molécules en les chauffant, elles se mettent à tourner rapidement sur elle-même, mais la voiture d’où viennent ces molécules peut être parfaitement immobiles
– en additionnant des signaux sinusoïdaux, on peut obtenir un signal carré, n’ayant plus rien à voir avec les signaux d’origine (séries de Fourier)
– en additionnant des contributions unitaires, on peut obtenir le statuquo, voire la régression. C’est une affaire de loterie.

Les contributions aussi minimes soient-elles ont tendance à s’annihiler si elles ne sont pas cohérentes (cohérence, au sens des interférences). En l’absence de cohérence des ondes ou des actions, on n’obtient rien de qualitativement positif.

– On ne peut pas construire une route en disant que chacun apporte sa contribution, et personne n’est responsable de l’ensemble. ça ne donnera rien. Il faut une organisation (qui apporte le goudron, qui apporte le sable, qui mélange les matériaux, qui les étale, qui crée la chaussée, qui s’occupe des trottoirs, qui crée les canaux d’évacuation, qui s’occupe de nourrir tout ce monde, de le soigner, qui pense à la maintenance, etc..)

– on ne peut pas éclairer un stade en demandant à chaque spectateur d’allumer sa bougie. On voit souvent devant le vatican, des fidèles avec des bougies à la main. ça ne rend pas la place st-pierre particulièrement lumineuse; elle est tjrs aussi obscure qu’avant.

– on ne peut pas construire une voiture en demandant à chaque ingénieur de faire ce qu’il peut ou ce qu’il pense bien.

S’il n’y a pas de coordination d’ensemble, c’est inutile de commencer. C’est pareil pour l’aide, faut pas se leurrer.

Chacun apporte ce qu’il peut, mais qu’on soit d’accord, c’est plus pour se donner bonne conscience que pour faire avancer les choses.

Je suis d’accord avec toi.. quand je parle de chacun.. j’entends par là les vrais acteurs du net au bled. Si Ringo décide d’augmenter sa bande passante, sa contribution peut-être minime au niveau du bled mais au combien importante pour l’essor du net au Cameroun…. Il est clair que ce n’est pas monsieur tout le monde avec son blog ou sa conversation en chambre clos via twitter ou autre site de socialisation qui va faire basculer la perception et l’utilisation du net au bled. On a le droit de rêver mais pas de rêvasser 😀

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