Le Carnet du Bourlingueur 3G

En vadrouille au bled en attendant que la neige fonde plus au nord, je me retrouve face à une nouvelle problématique. Il a fallu que j’arrive dans un bled comme celui-ci pour que je me rende compte à quel point je suis (et peux-être vous aussi) aussi dépendant de l’information et de tous les canaux qu’elle emprunte.

Ma première source d’information depuis près de 5 ans c’est le Net. A force d’avoir une connexion haut débit permanente à porter de mains, j’en ai oublié à quelle point la chose n’est pas si aisé ici bas. La connexion ADSL à domicile existe bien mais elle est hors de prix et ne garantie pas un débit suffisant pour justifier de se faire arnaquer à ce point.

L’alternative viable est donc le Cybercafé. Les cybers sont devenus aussi variés que nombreux. Ils ont tous cependant un point commun: ils sont un lieu de cultures des pires virus et autres germes informatiques qui feraient pâlir de jalousie mon frère le biologiste. La plupart des cybers sont équipes de PC sous Windows XP piratés et connectés en réseau à un serveur centrale contrôlant le verrouillage de la station après que le temps imparti ait expiré. Pas moyen de connecté un disque flash à une de ses machines sans hériter de la lie des chevaux de Troie, scripts vicieux et autres corrupteurs de base de registre. Face à ces fléaux voici mes parades:

  • Utiliser sa propre machine : prendre avec soit un petit netbook ou un PC d’occasion pas cher (comprendre que l’on peut accepter de perdre ou de se faire voler). Tous les cybers du bled offrent la possibilité de se connecter directement à la connexion internet par câble ethernet ou en WiFi. Même si vous n’héritez pas d’un débit supérieur au moins vous rester avec vos propres virus, ceux avec lesquels vous avez déjà appris à virer.
  • Avoir un système Linux de secours. Aussi étrange que cela parait aucun cyber du bled n’est équipé sous Linux. L’OS est gratuit et déjà fonctionnel mais il semble avoir peux d’avocats dans le secteur. A part la clique que mène votre serviteur, rare sont ceux qui connaissent l’existence même de l’OS. C’est pourtant lui qui équipe les OLPC (One Laptop Per Child) qui pullulent dans les écoles primaires du coins. On a semble-t-il oublié de le signaler aux utilisateurs. De toute façon le lobbying de la firme de Redmond en Afrique est redoutable.Elle a déjà trusté la place de Linux sur la version OLPC2 et a infiltré tous les gouvernements même les plus récalcitrant, si il en existe.

Si le débit et la continuité posent problème dans les cybers ce n’est pas le cas pour le même type de connexion en mode 3G proposé par les opérateurs de téléphonie mobile. De là à croire que les uns sabotent les progrès des autres, il n’y a qu’un pas. Tous les jeunes que je croise sont connectés au web via leur téléphone cellulaire. C’est suffisant pour être en permanence sur la messagerie instantanée, sur les réseaux sociaux ou pour rapidement consulter son mail (admirez au passage ma tentative pour éviter toute publicité gratuite d’un de ces services: ndla). Et les prix de la connexion semblent abordables puisque tous les gamins dès le secondaire sont branchés. Plus fort encore, les opérateurs offrent des modems 3G que l’on branche par exemple à son laptop ou à son desktop à la maison: c’est bien plus confortable qu’un téléphone pour regarder les derniers clips. J’observe un essort des sites de news basé sur internet. Le phénomène s’apparente à celui qui secouent les médias traditionnels plus au Nord: ceux-ci sont délaissés au profit de la presse électronique plus réactive, plus instantanée et, disons le, moins sujets à la régulation. Reste bien sur comme le rapelle souvent mon compère LPN à monétiser les services auxquels accèdent cette nouvelle audience (le nerfs de la guerre :ndlr).

Quoi qu’il en soit, je note que la raréfaction de la connexion et la limitation du débit me poussent à avoir plus de discernement dans ma quête de l’info sur le Net. Fini le surfing interminable où l’on saute d’un sujet à l’autre au grès des rétroliens rencontrés. Ici, je vais à l’essentiel car le temps (et donc l’argent) est compté. Je note par exemple que les faits divers européens ou américains me sont devenus incroyablement étrangers. Les résultats du foot je les parcours en 2 minutes chrono dans un tableau sur une page et basta. J’apprends la mort des célébrités avec 2 voire 3 semaines de retards. Je suis moins sensible aux petites phrases assassines des politiques, aux sorties cinémas imminentes: c’est dire si la règle du mort au kilomètre s’applique partout. Le résultat est un gain de temps considérable qui me permet de profiter du soleil tout en étant informé juste ce qu’il faut. Dommage qu’il faudra à un moment où un autre repassé au Nord car je suis sur que mes bonnes résolutions de surfing sains ne tiendrons pas longtemps face au haut débit.

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