NA: La Norme Africaine

Quand on a passé un peu trop de temps en dehors du bled il est fort probable que lors du retour on soit saisi par des produits de consommation courante que l’on pensait familiers. Quand je dis qu’il y a une différence, elle ne se situe pas au niveau des noms de marques et sous marques régionales, mais bel est bien au niveau de l’aspect voire de la composition des dit produits. De là à me poser la question de savoir si l’on est bien conscient de ce que l’on pose dans notre assiette au bled, il n’y a qu’un pas que je franchis tel une ballerine.

Le premier truc que j’ai détesté quand je suis arrivé en Europe c’était le Fanta Orange. Loin de vouloir casser du sucre sur le dos de la firme d’Atlanta, mais il semble qu’elle n’a pas transmis la même formule de son produit à ces deux succursales. Clairement, la version du bled est de loin meilleure en terme de goût.  Elle a cet avantage sur sa déclinaison européenne d’être réellement de couleur orange, ce à quoi l’on doit s’attendre étant donné son nom.
Mais voilà , bien qu’étant plutôt  jaunâtre, la version européenne a subi une batterie de tests avant d’obtenir l’aval des autorités sanitaires du continent. Ce sont ces différents tests qui ont transformé le breuvage original orangé en ce liquide sans saveur. Sans saveur certes, mais sûr. Car je ne suis pas convaincu que les autorités du bled soient bien conscientes de ce que Coca Cola met dans ses breuvages. Si les européens ont demandé et obtenu le retrait d’ingrédients il doit bien y avoir une raison.

Fanta Orange du Bled et Fanta Jaune d’Europe

Cette semaine j’ai eu l’occasion de fouler le lieu de tournage de quelques vidéos et films du bled. Il y a eu en ma présence près de 10 multi-prises cramés pour 5 heures de travail. Ces multi-prises avaient pour point commun de toutes être des importations de la République Populaire de Chine. Ces incidents à répétitions sont pris comme une normalité inhérente à l’appareil. Ces incidents avaient pourtant un autre écho dans ma tête. C’est que je venais de regarder un documentaire édifiant sur le laxisme avec lequel certaines entreprises chinoises avides de profit contournaient le système normatif. L’Union Européenne et les États Unis étaient obligés d’effectuer des coup de sonde surprises permanents durant tout le cycle de fabrication des produits pour être surs que ceux-ci sont conformes. Et dans la plupart de cas ce n’était pas le cas.

Multiprises ayant claqué sous mes yeux de marque … Terminator (made in China)

Il en va ainsi des produits électroniques mais également, et c’est encore plus grave, des produits communs comme la pâte dentifrice ou les médicaments génériques. Chez nous au bled la plupart du temps nous n’avons pas de système normatif interne. Il s’en suit qu’on s’appuie parfois mais pas toujours sur une norme extérieure. Comme nous n’avons pas de vérificateur patenté, n’importe quoi peux entrer sur notre marché si pour autant il porte l’écusson de l’organisme de contrôle extérieur. Un exemple: aucun jouet pour enfant ne peut entrer sur le marché européen si il possède une pièce contondante ou une élément détachable pouvant entre dans la bouche d’un nourrisson. Mais les bambins africains sont des durs insensibles à la douleur.

J’ai remarqué que le système de contrôle appliqué au bled consiste à attendre qu’il y ait une victime pour identifier le mal et bloquer par la suite le lot de produits concernés. Tous les blédards sont en fait, sans le savoir, des cobayes de laboratoire. Rappelez-vous les poulets dioxines et les vaches « encéphalo-spongiformes » que l’on a refourgué au bled. Je rappelle à ceux en charge de l’imposition de ces normes que la réparation coûte toujours plus cher que la prévention. Il est donc nécessaire de se ressaisir et de mettre en place un institut officiel qui va  filtrer toute la camelote qui entre au bled.  La coexistence de normes étrangère sur notre sol prouve que nos gars ne maîtrisent pas leur dossier. L’eau est de norme américain mais les appareils électronique de norme européenne. La viande est de norme locale mais pas les médicaments. Je ne plaide pas pour un nationalisme normatif: je plaide pour une et une seule norme fut-elle étrangère mais choisie de manière responsable et à laquelle on peut contribuer en tant que citoyen et consommateur.

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5 Commentaires

MOUYABI Jérôme

Bonjour, vous avez tout à fait raison. Or pour y arriver, il faut d’abord des préalables, dont :
1°)- disposer d’un Etat fort (non pas totalitaire ou dictatorial, policier), mais plutôt un Etat (administrativement, juridiquement, économiquement, …) qui soit en mesure de contrôler, maîtriser son espace, son territoire et donc ses frontières (espace aérien, frontières maritimes, fluviales, terrestres, …). Or dans ce cas, que se passe-t-il ? En référence au Titre XIII : De la Communauté (Cf Constitution française de 1958), l’espace fait par exemple partie des domaines stratégiques dependant de la France. Sur ce point, comme la plupart des Africains francophones (qui ignorent l’Histoire), on oublie que les pays africains francophones ne sont indépendants que dans la Communauté. Certes, ces multiples dispositions ont été abrogées au cours des années 98 par la France, …
2°)- disposer d’un ou de centres de recherches et de contrôles scientifiques. Et comme toujours, les pays africains ne semblent pas s’intéresser à tout ce qui a trait à la recherche. Certes, ils peuvent signer des conventions avec des centres scientifiques étrangers, mais là aussi qu’est-ce qui va garantir la véracité des résultats d’autant qu’on sait qu’à tous les stades de la recherche et des contrôles tout peut être trafiqué, corrompu, …
Ces quelques aspects ne sont que révélateurs de notre impuissance jusqu’alors face aux différents défis auxquels nos différentes populations sont mises. Nous ne savons même pas pour quoi (pourquoi ?) nous sommes sur terre ; et en plus quand on connaît l’inculture, l’irresponsabilité, le cynisme, et j’en passe, voire l’absence de vision, d’utopie et de stratégie, on n’est pas prêts (près!) de sortir du chaos. Et cet aspect n’est qu’une partie des nombreux problèmes (comme le trafic de faux médicaments, d’organes humains, des aliments frelatés, … on sert encore et toujours de cobayes dans tous les domaines. Le tableau reste noir…. Existe-t-il des solutions ? Oui, mais radicales, « révolutionnaires » alors, eu égard aux nombreuses remises en question voire des intérêts tant au niveau national qu’international (avec l’implication des « élites » locales).Là je sors du sujet et je préfère m’arrêter là au risque d’être traité d’extrêmiste. Alors, bon courage et peut-être à bientôt.

Bonjour à tous ,

Je pense que c’est un sujet très important que vous venez de soulever ici. moi même avant de sortir de mon Pays je ne lisais pas du tout ce que je consomme; mais depuis un voyage d’étude durant le quel j’ai vécu quelques années à l’étranger j’ai appris qu’il y a beaucoup de choses à éviter surtout dans l’alimentation. Depuis les africains me font pitié car ils sont à la merci de tous les loups du monde .

Maintenant il ne faut pas être pessimiste à l’égare de ce sujet et tout autres sujets en Afrique . Tout celui qui est conscient d’un problème n’a cas faire tout ce qui est dans son moyen pour apporter sa contribution pour pouvoir changer les choses en Afrique . faites des conférence, des débats radio-télévises ou créer des associations , des organisations non gouvernementales, des entreprises de contrôle qualité … En bref tous ce que vous pouvez pour faire bouger les choses. Il est un devoir pour ceux qui ont compris quelque chose de le faire expliquer, si non l’évolution dans cette société est mise en cause.

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