Mission: Impossible 3 – Opération Tambacounda

Résumé de l’épisode précédent:  alors que nous passions un temps qui aurait pu être mieux utilisé à commenter la nouvelle mode du tourisme humanitaire, voilà que nous apprenons que la Première Chaîne de la Télévision Française (TF1, quoi)  vient de boucler une émission de télé-réalité sur le sujet: Opération Tombacounda. Voyons si les auteurs et producteurs ont cette fois tenus compte des conseils prodigués par vos serviteurs ? Tambacounda, nous voici …

Tiens donc, mais je reconnais ce grand gaillard. Ne s’agit-il pas de Pascal a.k.a Le Grand Frère ? Pascal Soetens est ce sportif devenu éducateur un peu spécial en banlieue puis à la télé (ndla: attention, spécial est utilisé dans le plus noble du terme s’il vous plait, n’allez pas me faire dire ce que je n’ai pas écrit). Pascal s’occupe d’une « certaine jeunesse » européenne un peu/beaucoup en difficulté sociale. Il est chargé d’une mission délicate et indispensable par les temps qui courent en France: réinsérer des ados dans leur famille mais également dans la société en général. En clair, il essaie de rattraper le boulot que les parents et la société ont bâclé. Et tout cela il le fait devant nos yeux de voyeurs à nous: public passif avachi confortablement dans nos fauteuils et gaussant devant la paille que nous percevons dans les yeux de ces enfants et ceux de leurs parents.
Mais ne vous laissez par tromper par ce ton sarcastique: j’ai beaucoup d’admiration pour Pascal. Pourquoi? Parce qu’avec tout ce que ces gamins lui assènent comme insultes, défis, crachats et j’en passe, à aucun moment, je dis bien à aucun moment (memo à moi même: revoir les scènes d’engueulade avant le montage) il ne se livre à une distribution de baffe bien méritée. Ce self contrôle est tout à votre honneur Monsieur Pascal.

Le Grand Frère et ses ados au Sénégal (source)

En télévision, il y a une règle d’or qui veux que quand une série devient un peu vieillotte, on emmène les personnages en voyage (ndla: ceux qui ne croient pas peuvent regarder l’historique de leur série préférée).  C’est donc ce qui est arrivé au Grand Frère. Il a décidé d’utiliser la méthode extrême de sevrage pour redresser 5 jeunes rebelles d’un coup. Je dirais même plus la méthode extrême Sud. Et zou que je t’emmène tout ça au Sénégal dans le dernier des patelins loin de la côte, de ses plages et de ses hôtels 4 étoiles. Les jeunes n’ont plus aucun repère dans ce « bled du bled » et ils seront très certainement amenés à s’interroger et re-évaluer leur place dans la société et dans le monde en général.
Le prétexte pour les embarquer dans cette aventure ? Une opération humanitaire. A ce simple énoncé, le téléphone de la rédaction de LPN sonne et on nous demande pourquoi on ne s’offusque pas. Et bien parce qu’après une séance parfois pénible de visionnage de la chose, nous sommes convaincu que les spécs de l’émission ont été respectées à la lettre: la mission humanitaire est bel et bien un prétexte. Le but premier est de montrer à ces gamins qu’il y a plus misérables que eux et qu’ils ne sont pas bien placé pour se plaindre. Mieux encore, on arrive à leur faire comprendre que eux aussi à leur modeste niveau peuvent être utiles à la société.

« Quels bandes de naïfs ces gars de LPN, mais vous ne voyez pas que tout cela est scénarisé ?« . Si, bien sûr, c’est scénarisé tout comme District 9 est scénarisé. Cela ne l’empêche pas d’être porteur d’un message intéressant pour qui sait y être attentif. Ce message est par ailleurs livré lors d’une séance plaisante avec au passage quelques clichés du bled (nostalgie ,nostalgie,..). C’est à cause de cela que je n’ai rien contre Le Grand Frère lorsqu’il s’exporte au bled. L’émission commet rarement l’erreur de s’ingérer dans les affaires sénégalaises, elle n’a pas la prétention de sauver qui que ce soit si ce n’est les 5 gamins qu’elle a fait venir d’Europe.  On ne s’attarde pas sur les blédards ou le bled sauf si ils peuvent contribuer à faire évoluer la trame de l’histoire. L’émission est donc parsemée de clichés que l’ont est venu rechercher en au bled: des attaques de bêtes sauvages, des gamins démunis mais heureux, des cérémonies hautes en couleurs, un Chef de Village, la chaleur insupportable, les drames personnels de blédards triés sur le volet. C’est froid et direct comme approche mais pour une fois que la « bête » n’avance pas masquée je trouve cela courageux de sa part.

Mieux vaut trop que pas assez, c’est là un point de vu de client roi. Ce show télévisé en est la preuve patente. Le bled est utilisé ici pour ce qui intéresse l’acheteur rien de plus et rien de moins. Il est important que ceux qui ont dans leurs charges la vente de l’image du bled de tenir compte de ce paramètre car nous avons trop souvent tendance à proposer plus que ce dont le client a réellement besoin et tout ça pour la même modique somme. D’ailleurs, n’entend-t-on pas souvent dire et redire que « l’Afrique ne sait pas se vendre mais les étranger savent l’acheter« . Oui vous avez bien compris: je parlerais bientôt de la Ferme Célébrité ….

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