De la difficulté de crée une chaine panafricaine

En début d’année, on nous a annoncé avec fracas l’arrivée de la première chaîne info 100% Afrique: Afrique 24. C’était une révolution qui allait permettre aux africain d’enfin faire connaître leur point de vue. Le fossé de notre représentation dans les médias allait être comblé en un zapping. Encore une fois on part d’une intention louable. Mais, sans même avoir vu plus d’une minute d’émission de Afrique 24, je me permets de poser des questions quand à la gestion d’un tel média.

Ça doit quand même être difficile de créer de toute pièce un média dédié à l’Afrique qui plus est, par les africains. Tout d’abord le sujet est vaste et hétéroclite. Comme je le dis tous les jours ici, l’Afrique est un continent pas un pays. Et certains pays comme la RDC ou le Nigeria, on des réalités multiples en interne. Comment être sur de pouvoir tout traiter avec la même profondeur ? La solution de Afrique 24 a été de collaborer directement avec les médias locaux. Ceux-ci fourniront la matière première pertinente en connaissance de cause car ils sont sur le terrain. Cela nous amène au deuxième point: la valeur de la source d’information.
Le problème ici est de savoir que faire des reportages et analyses venant de pays où la presse est muselée voire sous le contrôle du gouvernement local? Ce matériel n’est il pas corrompu à la base ? Car en effet, après avoir amasser du contenu, il faut regarder de plus près ce qu’il y a dedans.

Prenons un cas d’école: le RD Congo est en conflit avec le Rwanda. Je reçois deux dépêches, une de chaque bord. Je n’ai pas la place pour diffuser les deux mais si j’en choisi un, je suis taxé de prendre partie. Je voudrais bien joué le neutre mais comme je l’ai dit avant le contenu dont je dispose ne l’ai pas. La solution qu’il me reste est celle d’exclure le contenu mais alors la masse d’infos disponibles va diminuer de manière drastique. Cruel dilemme…

Encore un point qui me préoccupe: l’équipe. Dans le cas de Afrique 24 elle est trop française (à défaut de francophile). Inversement, The African Channel aux USA a le problème inverse. La langue utilisée sur la chaine pousse à se cantonner dans les pays du même régime linguistique.  Or la géopolitique du continent montre que chaque pays à au moins un voisin dont la langue principale est différente de la sienne. En se cantonnant à une langue on se prive d’un point de vu ici complémentaire au premier.  Je vois aussi qu’il y a trop d’anciens du Groupe Canal+ chez Africa 24 aussi: le style de la chaîne s’en ressent et il devient difficile de dégager une identité audiovisuelle africaine.

Soyons claires, construire un média panafricain dans lequel les premiers intéressés se reconnaissent c’est difficile. Jeune Afrique est là pour  nous le rappeler tous les jours. Mais j’encourage l’initiative car elle a le mérite d’exister. C’est en existant qu’elle permettra d’accroître notre visibilité dans un monde où nous sommes souvent mis à l’écart. Je vais aller m’abonner car comme pas mal de monde, j’aspire à montrer à mes gamins des blakos à l’écran dans autre chose que de films ou des clips vidéos.

Dans la même veine

  • Pas de poste dans la même veine

3 Commentaires

De quoi tu te plains, en général, à Holywood le black est président 🙂

Et puis il reste des trucs dont personne ne critique la pertinence : un bon film de cul, personne ne t’accusera de partialité .

(note pour le futur : arrêter de penser au cul à chaque fois que viens là).

PingBack

  1. Le poids des mots | Le petit nègre

Laisser un commentaire