La cas Calixthe Beyala

Comme vous le savez sans doute, sur le site il arrive que nous soyons en désaccord. Et quand cela arrive et que aucun compromis n’est trouvé nous amenons notre désaccord sur la place publique pour vous laisser, vous, chers lecteurs le soin de nous départager. Aujourd’hui l’objet de la discorde est la candidature de Calixthe Beyala pour devenir le prochain Secrétaire Général de la Francophonie.

Pourquoi je suis contre – par LPN

Que l’on me comprenne bien, ce n’est pas tant la personne Calixthe Beyala dont on discute ici mais bien de sa volonté  et de ses capacités à reprendre le rôle de premier représentant de l’Organisation Internationale de la Francophonie à Mr Abdou Diouf qui gouverne l’organisation depuis 12 ans. Et c’est sur ces 2 points que je suis contre son choix comme futur Secrétaire Général de l’OIF.

Il est vrai que Calixthe Beyala est connu et reconnu dans le monde littéraire par ses écritures et que si l’OIF se résumait à une organisation francophone littéraire internationale je souscrirais volontier à sa candidature hélas cela n’est pas le cas. L’OIF est avant tout une organisation politique ou le mot diplomatie tiens un (trop?) grand rôle. Et j’ai bien peur que Mme Beyala ne soit pas armée pour cela. L’OIF, comme toute organisation internationale, est une pieuvre mal fagoté avec des instances et des missions aussi hétéroclites que peu transparentes. L’enjeu politique y dépasse largement les autres, quelque soit leur importance. Je suis sur que pas mal de gens parmi vous ne savent pas que TV5, par exemple, dépend en partie de l’OIF… en tout cas moi je ne le savais pas 🙂 .
Certains me diront que l’époque des Abdou Diouf est révolue, nous sommes en 2010 pas au 20ème siècle, les choses ont changé. Certes vous avez raison mais le vers dans le fruit est enfoui encore plus profondément.

Car l’inutilité de l’entreprise de Mme Beyala s’illustre dans  la manière dont elle a présenté sa candidature qui en fait n’en est pas une. Celle-ci a été proposée sous la bannière tricolore et non sous une bannière du bled. Or, elle a besoin de l’aval de « son » gouvernement et donc du gouvernement français pour valider sa candidature. Si d’un point de vue marketing cela pourrait être bien pensé, sur un point de vu pratique, le locataire de l’Elysée, lui, ne semble pas vouloir d’elle. Du coup, si le Président français venait à refuser sa candidature, la campagne marketing de l’écrivaine n’aura servi à rien. Comme quoi l’OIF est, et restera toujours, un organisme politique qu’on le veuille ou non. Et sa candidature , même déclarée, ne sert in fine qu’à faire parler d’elle dans les média.

L’écrivaine Calixthe Beyala candidate pour devenir Secrétaire Général de l’OIF (source)

Pourquoi je suis pour – par Masta P

Tous d’abord, je voudrais profiter de cette tribune pour remercier Calixthe Bayala d’avoir balancé un maximum dans le dossier Drucker. Elle y a pas gagné d’argent mais elle a pu en tirer un bouquin qui pour une fois n’était pas un plagiat. Mais ce ne sont pas les frasques « people » de la sœur qui nous amènent ici (quoique) mais bien sa tentative d’essai de devenir Khalife à la place du Khalife Secrétaire Général de la Francophonie.
Aussi étrange que cela parait, je soutiens Calixthe Bayala dans cette aventure même si je n’ai aucun poids dans une décision somme tout politique.  Pourquoi ? A cause du seul argument valable qu’elle a avancé dans son programme de gouvernement: le fait de dépolitiser la Cacophonie et de la transformer en une Organisation Culturelle. Je m’explique.
D’abord, La politique et la diplomatie ne peuvent pas s’enfermer dans un carapace linguistique. L’évolution récente de la Francophonie avec les invitations à répétition de pays non-francophone à clairement montré que cette organisation veux entrer en concurrence direct avec le Commonwealth. L’intention de défier ce reliquat de l’Empire Colonial britannique est louable mais alors il faut jouer carte sur table et changer le nom du Club en « Prospérité Commune ». Car la Francophonie ça fait trop « La France et Ses Amis ». Si dans vos amis vous avez 5 ou 6 grand gaillards plus costauds que vous, il est de rigueur de changer le nom de votre association. Les symboles c’est important surtout en diplomatie.
Deuxième point: la culture. Il est clair que le français en tant que langue et véhicule culturel va inexorablement se faire bouffer. Le seul moyen de faire durer l’agonie le plus longtemps possible est que la France reconnaisse qu’elle n’a plus le leadership dans cette affaire. L’Angleterre a cédé le sien aux USA, le Portugal et l’Espagne à l’Amérique du Sud, il est tant que du côté de  Paris, on fasse de même vis à vis du plus grand nombre, j’ai nommé: le bled. Pour remplir une telle mission il faut un gros système dédié, ne fut-ce que pour lancer la machine. C’est la mission à laquelle Calixthe Beyala va s’atteler si elle est retenu à la tête de l’OIF et c’est là tout le mal que je lui souhaite.

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7 Commentaires

Pourquoi je m’en contrefiche – par Eddy

Chers hôtes, no offense intended, mais honnêtement de la francophonie, je m’en tape à un point que vous ne pouvez pas imaginer, même dans vos imaginations les plus délirantes.
J’entends déjà les haterz me répondre: ben Eddy, si le sujet ne t’interesse pas, t’es pas obligé de commenter.
Et ils auront bien raison. 🙂

Je n’embêterai donc pas à rappeller que la francophonie est un outil de dépendance, au même titre que le franc CFA.

Sinon sur le fond de l’article, ce qui est rigolo, c’est que vous avez tous deux le même avis en fait, vous avez tous deux reconnu quel outil la francophonie représente, le rôle qu’elle joue et par conséquent, les qualités requises de la part du futur SG.
Simplement l’un pense que C.B. apporte ces préréquis, et l’autre pense que non.

« Le seul moyen de faire durer l’agonie le plus longtemps possible est que la France reconnaisse qu’elle n’a plus le leadership dans cette affaire (..) temps que du côté de Paris, on fasse de même vis à vis du plus grand nombre, j’ai nommé: le bled. »

Ils ont déjà commencé, non? C’est pas Abdou Diouf l’actuel S.G.?

Je disais dans un précédent commentaire que je m’en bats comme une guigne de la francophonie, et je vais expliquer un peu plus en détail pourquoi:

1. à cause du passé colonial, je me vois très mal en train de me battre pour la langue de l’ex colon. Surtout quand ledit ex-colon persiste à ne pas reconnaitre ses errements, et s’arc-boute à des poncifs du genre « bienfaits de la colonisation ». Qu’il faille l’utiliser malgré moi passe encore, mais ce n’est pas ma langue, et ca ne le sera jamais. Je ne serai certainement pas celui qui, armé de son épée et ceintré dans sa cape, s’en irait, chevauchant son bel destrier, défendre la langue en péril. I don’t give a sh*t!

2. à cause des préjugés, personne ne croira que tu parles « vraiment » la langue. Un ami allemand m’a dit une fois, « oui mais en Afrique là, vous ne parlez pas francais », sous-entendu le « bon » francais.
Et moi de lui répondre, ouais, quand en Suisse, en Autriche, au Luxembourg, en Belgique, au Quebec on rencontre des adaptations locales de l’allemand, du francais, etc, on s’extasie sur les particularités linguistiques locales. Il ne lui viendrait jamais à l’idée qu’un autrichien ne parle pas allemand.
Mais en Afrique, ces mêmes particularités linguistiques deviennent: vous ne parlez pas le « bon » francais.

3. et last but not least, parce que je suis un panafricaniste convaincu. Nous pouvons adopter et développer une langue à nous. On a pas besoin de celle des autres. (Oui, je sais: « vox clamantis in deserto »)

errata.: il ne lui viendrait jamais à l’idée « de dire » qu’un autrichien ne parle pas allemand.

la Francophonie ce n’est plus la langue française depuis très longtemps, c’est un espace d’influence (..) »

Peut-être, n’empeche que le cheval de troie et fer de lance de cet espace d’influence est et demeure quand même la langue francaise.

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