Parlez vous français… moi non plus

Je profite du fait que le monde ait les yeux rivés sur la Coupe du Monde de Football pour parler d’un sujet qui n’a à priori aucun rapport. L’utilisation de la langue française au bled et ailleurs. Que l’on me comprenne bien ceci n’est pas une énième tirade pour la défense de la langue de Molière mais plutôt pour la défense de son utilisation à la manière blédarde.

Tout blédard arrivant fraichement en Europe dans un pays francophone s’est déjà vu reprocher ou simplement ridiculiser du fait de sa manière de parler, et je ne fait aucunement référence ici à son accent mais plutôt aux mots et expressions qu’il emploie. Là où il est de coutume d’utiliser 200 mots (verbes inclus) dans les paroles de tous les jours en Europe, le blédard qui vient d’arrivée de Brazzaville, de Dakar ou de Bamako mettra un point d’honneur a utiliser les 500 mots qu’on lui a appris tout au long de son cursus scolaire.

Vous me direz mais LPN de quoi parles tu exactement? Hé bien, cela est très simple, prenons 2 exemples totalement au hasard, comme nous avons coutume de le faire sur ce site. La plupart des francophones européens s’étonnent et se gaussent lorsqu’un blédard utilise les termes « présentement » ou lorsqu’il dit qu’il va « voir ce qu’il y a lieu de faire afin de résoudre ce problème ». Alors que notre « pauvre » blédard vient de s’exprimer normalement on lui reprochera des tournures venues tout droit des siècles passés et on lui conseillera amicalement de dire « en ce moment » ou encore « on va voir ce qu’on peut/sait faire pour résoudre ce problème ». (le verbe savoir étant réservé à la population indigène de Belgique francophone… mais ça c’est une autre histoire 😉 :ndla).

Des enfants en train d’apprendre dans une école de village en Tanzanie (source)

Et là LPN d’intervenir et de défendre son pote blédard:

  1. Ce qu’il vient de dire est non seulement grammaticalement correct mais c’est la meilleur façon de le dire.
  2. Comprenez-le un peu. Dès son enfance on lui a dit et répété, et ce, durant toutes ses études primaires et secondaires que si il voulait se faire comprendre du plus grand nombre, il devait parler correctement la langue française. Alors, en plus des cours de français à l’école, le blédard à lu tous les classiques mis à sa disposition pour accumuler un maximum de vocabulaire. Car celui qui utilise le mot juste au bon endroit est sur de se faire comprendre du plus grand nombre… du moins en théorie.
  3. Le francophone européen est soit devenu paresseux, soit ne lit plus suffisamment … soit les 2!! En clair, il a appris sa langue non pas à l’école mais plutôt au contact de son environnement direct qui s’appauvrit à vue d’œil en mots et expressions et donc en vocabulaire.

Du coup le résultat de tout cela est que l’on a une population d’incultes qui se moquent gentiment de celui qui parle encore correctement leur langue ou dit autrement « c’est l’hôpital qui se moque de la charité » 🙂 .

En clair, chers amis francophones d’Europe (notez mes précautions pour ne pas stigmatiser nos amis gaulois – le Français tu le parles bien ou tu te tais diraient certains 🙂 ) la prochaine fois que vous entendez une tournure qui vous semble originale ou exotique dans le bouche d’un blédard, abstenez vous de le critiquer. Instruisez-vous, mieux notez le mot ou la tournure quelque part histoire de pouvoir la ressortir un autre jour au détour d’une conversation avec vos amis, ils trouveront que nonobstant vos aptitudes, vous venez d’égailler leur esprits et de nourrir leur intelligence 🙂 .

PS: Ce discours vaut également pour les prénoms dit exotiques de nos amis blédards genre Léopold, Anastase ou encore Népomucène qui font toujours rire au Nord de la Méditérranée malgré leur appellation d’origine contrôlée judéo-chrétienne… à bon entendeur, LPN vous salue 😉 .

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2 Commentaires

Il est triste que l’inculture soit si haut placé dans le cœur des français, qu’ils en viennent à se moquer de ceux qui savent parler…
Je comprends cet article car j’ai remarqué (en tant qu’auteur) que pour faire parler quelqu’un bizarrement, il suffisait de lui faire utiliser « nous » au lieu de « on » (effet énorme), et supprimer toute sorte de raccourcis de langage, d’apostrophe…

N’avons-nous pas des djeuz de la té-ci qui reprochent à toute personne parlant à l’endroit de causer comme un bourge du 16e ?
Il faut sortir un peu, et remarquer qu’il n’y pas besoin de changer de continent pour avoir des habitudes de langages différentes. Sans même parler d’accent ou de patois, chaque région à ses expressions et ses habitudes

L’inculture de la langue Française est encore pire au Québec, un Français peut facilement y passer pour pédant s’il utilise certaines tournures qui y paraissent trop savantes également. Comme quoi…

PS. Et les « Fête Nat » ?

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